La gestion des populations canines en Algérie nécessite une réforme fondamentale pour remplacer des pratiques obsolètes en vigueur depuis près de deux siècles. Actuellement, les services municipaux, appelés "Galoufa", utilisent des méthodes cruelles et inefficaces telles que l'empoisonnement et les tirs à balles pour contrôler les chiens et chats errants. Ces pratiques sont souvent peu concluantes, entraînant davantage de blessures que de morts. Lorsque les animaux mourants s’éloignent, ils continuent de présenter un risque de transmission de zoonoses telles que la rage et la leishmaniose aux animaux voisins et aux humains.
Des pays comme le Maroc et la Tunisie, ont adopté des approches modernes telles que le TNVR (Trap, Neuter, Vaccinate, Release), qui consiste à capturer, stériliser, vacciner contre la rage et relâcher les animaux. Cette méthode ne permet pas seulement de réguler la population canine, mais elle améliore également la santé des animaux et réduit les risques de maladies telles que la rage. En ajoutant le déparasitage au TNVR, nous pouvons prévenir la propagation de la leishmaniose, une zoonose particulièrement préoccupante en Kabylie, tout en diminuant le risque de transmission de cette maladie, les animaux testé positif seront euthanasiés et incinérés selon les recommandations de l'organisation mondiale de la santé animale.
En remettant les chiens stérilisés, vaccinés et déparasités sur leur lieu de capture, ces animaux jouent un rôle de gardien, prévenant l'arrivée de nouveaux chiens non vaccinés et potentiellement porteurs de maladies.
L'utilisation d'armes à feu en milieu urbain pour gérer les populations canines est non seulement dangereuse, mais elle nuit également à l'image de l'Algérie à l'international. En adoptant dès aujourd'hui la méthode TNVR, nous pourrions, dans dix ans, éradiquer la rage et mieux contrôler les populations canines. Les méthodes actuelles, en place depuis près de deux siècles, ont prouvé leur inefficacité, laissant l'Algérie dans une situation de risque élevé pour la rage. Cette situation entraîne la nécessité d'effectuer des procédures et des analyses de laboratoire en Europe pour le titrage des anticorps antirabiques, afin de permettre le voyage des animaux à l'étranger depuis l'Algérie. En comparaison, le Maroc a initié des réformes dès 2019, en signant une convention-cadre avec divers ministères et institutions pour progresser dans ce domaine.
Il est important de noter que la cohabitation avec les chiens peut ne pas être agréable pour tout le monde, mais des solutions efficaces nécessitent des compromis temporaires. La capture et l'élimination de chiens errants ne résolvent pas le problème, car les territoires vacants sont rapidement occupés par d'autres chiens. Ces derniers, ayant une capacité de reproduction élevée, se reproduisent jusqu'à quatre fois par an avec plusieurs chiots par portée, leur résistance accrue face aux conditions difficiles, favorisent leur prolifération malgré les tentatives d'élimination.
Les initiatives locales jouent un rôle crucial dans la gestion des chiens et chats errants. Un exemple notable est celui d'Ahmed, un individu dévoué qui consacre tout son temps à sauver les animaux blessés, malades ou abandonnés. Grâce à ses efforts, son refuge abrite aujourd'hui environ 200 chiens, tous sauvés de situations critiques. Ces animaux bénéficient de soins vétérinaires réguliers, d'une alimentation appropriée et d'une attention constante, assurés par Ahmed. Cette initiative, principalement soutenue par des dons tels que ceux de Maître Ould Cheikh Cherifa, mérite un soutien accru de la part des autorités. Elle joue un rôle significatif dans la protection de la santé publique et la gestion des zoonoses locales.
Par ailleurs, la direction des services vétérinaires de la wilaya de Tizi Ouzou a lancé des campagnes de vaccination contre la rage et sensibilisé la population à cette zoonose, avec à sa tête le Dr YATA Noureddine, inspecteur vétérinaire. Ces actions démontrent l'importance du refuge d'Ahmed pour la société et ses bienfaits en termes de santé publique et de prévention des zoonoses.
La responsabilisation des propriétaires de chiens est essentielle pour réduire le nombre de chiens errants et la fréquence des zoonoses. Une gestion efficace des populations canines doit être accompagnée de changements dans les comportements humains pour prévenir les problèmes de santé animale, publique, ainsi que les impacts socio-économiques, environnementaux, religieux et politiques associés. Les services vétérinaires doivent jouer un rôle actif dans ce contrôle, en collaborant avec d'autres institutions et organismes compétents.
En conclusion, il est impératif de passer à des méthodes plus humaines et efficaces pour gérer les populations canines en Algérie. L'adoption de la méthode TNVR, associée à des programmes de dépistage et de déparasitage contre les zoonoses, pourrait considérablement améliorer la situation sanitaire et le bien-être animal dans le pays.